
Décidément, la Galère portugaise est l’une des curiosités marines étant donné que cette espèce demeure toujours méconnue et il n’existe pas beaucoup d’études scientifiques autour d’elle. Mais, après son apparition sur les côtes tunisiennes, des craintes se sont emparées des habitants —notamment des régions côtières— à la suite de la publication sur les réseaux sociaux d’informations faisant état de la découverte de cette fausse méduse “dangereuse”, toxique, voire mortelle pour l’homme et l’animal dans certains cas. Désormais, cet invité non désiré se rapproche de plus en plus de la Méditerranée, et de sérieuses inquiétudes commencent à se faire sentir.
L’été approche… et qui dit été, dit mer ! En effet, comme chaque année, à l’approche de la saison estivale et des vacances d’été, les Tunisiens se préparent à passer cette période exceptionnelle dans les meilleures conditions possibles. Mais avec cette crise sanitaire liée au covid-19, ils n’auront pas trop de choix ni une autre bonne adresse que leur pays d’origine, connu pour ses plages paradisiaques où des millions de touristes les côtoient, tout au long de l’année, pour pouvoir se relaxer sur ses plages dorées et nager dans ses eaux transparentes. Mais depuis quelques semaines, et suite aux informations publiées sur les réseaux sociaux, selon lesquelles une méduse fortement toxique a été découverte sur nos plages, la peur et l’angoisse prennent le dessus, et tout le monde est désormais en état d’alerte. Quel est le vrai du faux ?
Une cousine de la méduse…
Asma Hamza, chercheuse à l’Institut national des sciences et technologies de la mer (Instm), indique que depuis quelques semaines, on ne cesse de parler des galères portugaises, encore appelées vessies de mer (son nom scientifique physalia physalis), qui ont été repérées sur des plages tunisiennes, notamment au golfe de Tunis. Cela ressemble beaucoup à une méduse mais ça n’en est pas une. Il s’agit, en fait, d’une colonie de milliers de micro-organismes marins qui s’unissent, agissent et paraissent comme un seul animal bleu à moitié transparent, rempli d’air et qui navigue sur la mer avec des tentacules qui peuvent mesurer jusqu’à 50 m de long. Cette espèce peut être déportée sur de longues distances car ces organismes se déplacent au gré des courants et surtout des vents grâce au flotteur qui est en surface.
«C’est une espèce qui n’a pas été observée auparavant sur les côtes méditerranéennes car habituellement les physalis évoluent en mers tropicale ou subtropicale. Mais depuis un peu de temps, cette donne a changé et cette espèce a été “rarement” observée en Méditerranée: elle a été découverte sur les côtes italiennes (depuis 2020), algériennes et récemment marocaines, pour finir sur les côtes tunisiennes, ce qui confirme son entraînement par le courant. Dans notre pays, les premières observations ont été faites depuis quelques semaines dans le golfe de Tunis alors que d’autres observations ne sont pas encore confirmées (notamment celles annoncées à Chebba). Important ici de souligner que son apparition est un phénomène tout à fait naturel, puisque ce sont les courants de l’Atlantique qui les ramènent, alors que l’hypothèse d’une éventuelle reproduction de la galère portugaise dans nos eaux reste à prouver, d’autant que cette espèce n’est pas adaptée à la Méditerranée», souligne-t-elle.
La sensibilisation reste le maître mot
Mme Hamza ajoute qu’il est vrai que la présence de cet organisme est dangereuse, mais actuellement, on n’est pas en état d’alerte. Toutefois, même si le nombre des spécimens de la galère portugaise signalés sur nos côtes est très minime, il faut toujours faire attention. Pour leur part, les parties prenantes, à l’instar de l’Instm, poursuivent leur travail pour évaluer la situation et connaître sa densité et son étendue sur les eaux territoriales. Pour ce faire, des sorties sont programmées par des spécialistes pour étudier davantage cette espèce. De l’autre côté, il faut continuer de sensibiliser les citoyens de plus en plus sur les dangers de cette méduse fortement toxique, qui peut causer de profondes brûlures et même entraîner des crises cardiaques…Il ne faut surtout pas la toucher…Elle peut provoquer vomissements, détresses respiratoires, douleurs abdominales, fièvres, vertiges… La gravité dépendra de la réaction de chaque personne et les brûlures peuvent être très douloureuses, ce qui nécessite parfois de consulter un médecin. Même si elles ont séjourné hors de l’eau sur les rivages ou sur les plages, elles restent dangereuses et il ne faut donc pas les toucher.
Un danger pour les baigneurs ?
D’après Mme Hamza, jusqu’à présent, aucun cas de piqûre n’a été enregistré et la découverte de quelques galères portugaises ne représente pas un danger pour les baigneurs. «Il est vrai que suite à la surmédiatisation de cette information, notamment sur les réseaux sociaux, des craintes se sont emparées récemment des habitants des communes côtières, mais il n’y a pas lieu de s’alarmer. De notre côté, nous continuons d’observer cette espèce —une fois retrouvée—, lors de nos prochaines sorties en mer… et il serait indispensable de sensibiliser sur ses dangers, notamment avec l’approche de la saison estivale, étant donné que la sensibilisation reste la seule arme qui existe contre cette espèce nocive», souligne-t-il.
En cas de piqûre, il existe un certain nombre de gestes à adopter : il est recommandé d’utiliser du sable sec pour recouvrir la partie du corps atteinte afin de regrouper les filaments tout en évitant de les écraser. La meilleure idée pour traiter les brûlures de cette espèce consiste à utiliser un objet rigide pour gratter la partie et la rincer avec de l’eau de mer. Pour finir, il faut envelopper de la glace dans un linge puis l’appliquer sur la partie atteinte. En présence des signes d’agression ou d’attaque, il est nécessaire de consulter un médecin.